Tribune

Face aux mouvements séparatistes, le régionalisme, l’antidote ?

CHRISTOPHE VERSINI
Tuesday, April 9, 2024
à
11:07
4
minutes de lecture

Dans un contexte où la question de l'unité de la République est plus prégnante que jamais, confrontée aux revendications des mouvements indépendantistes et autonomistes en Corse, en Bretagne, en Alsace ou encore en Polynésie, la question d’une réforme constitutionnelle se pose.

Cette montée des mouvements séparatistes s'est accentuée après la concession faite aux nationalistes corses concernant le projet d'autonomie de l’île par Emmanuel Macron, ce qui est un premier pas vers le démantèlement de la France.

Cette démarche, loin d'être isolée, a résonné comme un écho dans d'autres régions. La Bretagne, en particulier, a rapidement réclamé « l'autonomie à la Corse » par la voix de son président, Loïg Chesnais-Girard. Le député du Haut-Rhin, Olivier Becht, a récemment proposé au Premier ministre, Gabriel Attal, que « la collectivité puisse récupérer les compétences régionales dans le cadre d'une expérimentation ». Le 5 mai 2023, la ville de Nantes a demandé au Premier ministre d’alors, Élisabeth Borne, un référendum sur le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne. Le Pays basque s'est constitué en une intercommunalité majeure, rassemblant 158 communes et 315.000 habitants. Enfin, en Polynésie, le succès des indépendantistes polynésiens, lors des dernières élections territoriales le 30 avril, a ouvert la voie à un référendum pour l’autodétermination.

L'approche excessivement centralisée de l'État, qui impose des politiques uniformes sans tenir compte des spécificités locales, alimente le désir d'autonomie et d'indépendance, offrant ainsi aux mouvements séparatistes de solides arguments.

En 1968, le général de Gaulle reconnaissait que « l’effort multiséculaire de centralisation, qui fut longtemps nécessaire [à la France] pour réaliser et maintenir son unité malgré les divergences des provinces qui lui étaient successivement rattachées ne s’impose plus aujourd’hui. Au contraire. »

Puisque l'hyper centralisation ne répond plus aux besoins spécifiques des territoires et des populations locales, la question est de savoir si le régionalisme peut être l’antidote face aux mouvements séparatistes.

Régionalisme ou séparatisme ?

Pour répondre à cette question, il est essentiel de définir clairement ce qu’il faut entendre par régionalisme ainsi que par mouvements autonomistes et indépendantistes.

Le régionalisme met en valeur l'identité et les particularités de chaque région au sein de la République, stimule la richesse culturelle de la France à travers la promotion des langues régionales, des traditions et du patrimoine local. En outre, il favorise des politiques publiques plus adaptées et efficaces, répondant mieux aux besoins des populations locales.

À l'opposé, les mouvements autonomistes et indépendantistes cherchent à obtenir une séparation avec l'État central, souvent motivés par des revendications de reconnaissance identitaire ou politique spécifique. Ces mouvements fragilisent l'unité de la République et la cohésion nationale en encourageant la fragmentation du pays.

Ces revendications séparatistes soulignent l'urgence d'une évolution constitutionnelle, mettant en lumière la nécessité d'adapter notre cadre républicain aux aspirations de nos territoires.

C'est dans ce contexte que se pose avec acuité la nécessité d'accorder à l’ensemble des régions un véritable pouvoir réglementaire, une autonomie financière substantielle, des compétences élargies, structurées autour de blocs clairs et du principe de spécialité. En conférant aux régions un pouvoir politique réel, où les élus seraient pleinement responsables devant leurs électeurs et disposeraient de la liberté de déterminer les taux des impôts locaux, on favoriserait une véritable décentralisation. Il est donc impératif d'attribuer les mêmes compétences à toutes les régions, en évitant toute différenciation, statut particulier ou autonomie spécifique.

Cela nécessiterait une révision de la carte régionale, ramenant le nombre de régions de 13 à 22, à l'exception peut-être de la fusion de la Basse et de la Haute-Normandie, qui présente une cohérence culturelle. En outre, la création du conseiller territorial, fusionnant les rôles du conseiller départemental et régional, permettrait de simplifier le mille-feuille territorial actuel.

Le régionalisme, en résonance avec les aspirations locales, se révèle comme un antidote viable contre les mouvements séparatistes.

CHRISTOPHE VERSINI
Tuesday, April 9, 2024
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