Il est temps de nous tourner vers notre passé pour éclairer notre avenir. La Ve République, telle qu'elle a été conçue par le général de Gaulle, a été un pilier de notre démocratie, un modèle de stabilité et d'efficacité. Le général de Gaulle a été investi comme chef du gouvernement le 2 juin 1958, avec le mandat de préparer la nouvelle Constitution, la Cinquième
République. La fondation Charles-de-Gaulle explique que le général de Gaulle a rapidement imposé une interprétation présidentielle du texte constitutionnel de 1958, renforçant ainsi la présidentialisation du régime. Paradoxalement, c’est cet esprit que nous devons raviver aujourd'hui pour redonner un nouveau souffle à notre démocratie.
Pour un retour du septennat
Le septennat était l'un des fondements de cette République. Il offrait au Président le temps nécessaire pour mettre en œuvre une vision à long terme, sans être constamment sous la pression des élections et des sondages. Le quinquennat, en revanche, a réduit cette période à une course contre la montre, où les décisions sont souvent prises en fonction de leur popularité immédiate plutôt que de leur bénéfice à long terme pour la nation.
Revenir au septennat, c'est redonner à la présidence la possibilité de penser et d'agir pour l'avenir, de prendre des décisions audacieuses et visionnaires sans craindre le jugement immédiat des urnes. C'est aussi redonner aux Français le temps de juger l'action de leur Président sur la durée, et non sur la base de promesses électorales souvent décevantes.
De plus, le calendrier législatif de la Ve République, avant l'établissement du quinquennat, organisait les élections législatives non pas immédiatement après l'élection présidentielle, mais au cœur du mandat présidentiel. Cette caractéristique, loin d'être anodine, contribuait à un équilibre entre l'exécutif et le législatif, et permettait aux élections législatives de servir de véritable bilan de mi-mandat. Les élections législatives de 1973 et 1978, par exemple, se sont déroulées au milieu des mandats présidentiels de Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing. Même les élections législatives de 1986 et 1993, qui ont eu lieu deux ans avant la fin des mandats présidentiels de François Mitterrand, témoignent de cette tendance à placer les législatives au cœur du mandat présidentiel. En revenant à ce calendrier, nous redonnerions du poids à notre Assemblée nationale et renforcerions le contrôle démocratique sur l'action du Président.
Prenons l'exemple de la présidence d'Emmanuel Macron. En 2017, s'il avait été élu sous le régime du septennat plutôt que du quinquennat, sa capacité à restreindre les libertés individuelles et collectives pendant la crise sanitaire aurait été potentiellement limitée. En effet, des élections législatives auraient été organisées au cœur de son mandat, offrant la possibilité d'une cohabitation avec une majorité parlementaire différente. Cette Assemblée nationale aurait pu jouer un rôle crucial dans la défense des libertés des Français. De plus, une situation de cohabitation aurait pu inciter le président de la République à prêter une oreille plus attentive aux revendications des gilets jaunes, permettant ainsi d'apporter des réponses plus adéquates à leurs demandes.
Ces exemples illustrent comment la Ve République a notamment été conçue pour répondre aux crises et aux blocages qui paralyseraient le pays, comme nous l'avons connu sous la présidence d’Emmanuel Macron. C'est une des raisons pour lesquelles il est impératif de revenir à son esprit originel.
Revenir à l'esprit de la Ve République, c'est aussi changer notre façon de voter. Avec le quinquennat, l’élection présidentielle est devenue un vote contre un candidat plutôt qu'un vote pour un projet. Nous devons retrouver l'idée que voter est un acte positif, un choix pour l'avenir, et non une simple réaction contre le passé.
Redonner la parole au peuple
En outre, revenir à l'esprit de la Ve République, c'est aussi utiliser les outils juridiques, comme l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, non pas contre le peuple mais pour le peuple. Quand le peuple rejette très majoritairement un projet de loi, comme ce fut le cas avec la réforme des retraites, le gouvernement ne doit pas utiliser ces outils juridiques pour passer en force contre le peuple. Ces outils juridiques n'ont pas été créés pour être utilisés contre le peuple mais pour le peuple, pour débloquer les situations allant contre les intérêts du peuple. Il y a la pratique de la Constitution, mais aussi l'esprit, et l'esprit, c'est utiliser la Constitution pour le peuple. « Une constitution, c'est un esprit, des institutions, une pratique. » Cette citation du général de Gaulle résonne avec une acuité particulière dans le contexte actuel.
Il est également essentiel de redonner la parole au peuple par le biais du référendum, l'essence même de la Ve République voulue par le général de Gaulle. Depuis l'adoption de la Constitution de 1958, neuf référendums ont été organisés, cinq d'entre eux sous l'impulsion du général de Gaulle lui-même.
Cela souligne l'importance de la consultation directe du peuple dans notre système démocratique. Cependant, cela fait maintenant plus de quinze ans qu'aucun référendum n'a été organisé en France, une absence qui souligne la nécessité de revenir à l'esprit originel de la Ve République.
Il est temps de revenir à l'esprit de la Ve République, de redonner un nouveau souffle à notre démocratie et de permettre à chaque Français de participer activement au dessein de son pays. C'est un défi, certes, mais c'est aussi une chance. Une chance de renouer avec notre Histoire. Pour une France forte, pour une démocratie vivante, revenons à l'esprit de la Ve République.